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19 janvier 2022

Pages de carnet

 Il me semble que c'est Paul Cézanne qui aurait répondu à un peintre débutant qui lui demandait comment trouver un sujet, de peindre son tuyau de poêle. La réponse peu sembler cinglante, voire méchante ou condescendante. Je pense plutôt que l'artiste a fait savoir d'une manière certes bourrue que chaque objet possède une espèce de beauté intrinsèque qu'il faut essayer de rendre et que le problème n'est pas le modèle mais sa représentation. C'est une question de regard. Un maître de stage parlait de transcendance et le lien avec la "rose" de Saint Exupéry arrive tout seul : "C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante".

Fort de ces doctes conseils, j'ouvre désormais mon carnet pour consacrer quelques minutes aux sujets les plus ordinaires, même pas dessinables, à la banalité la plus grise, à la platitude la plus navrante, à l'invisible quelconque... et il s'en dégage parfois une espèce de poésie. 


Alors voilà comment on peut surprendre un couple d'amoureux qui a arrêté sa balade en bordure de Meuse pour se faire des bisous.


Et puis là, un lieu-dit "La fosse aux cloches" sous le givre. La Meuse y fait une boucle avec des trous d'eau. On y aurait jeté des cloches lors d'une période trouble de l'histoire pour qu'elles ne servent pas à faire des canons. En fait, personne ne sait expliquer ce toponyme. Ce qui est certain et attesté, c'est qu'il existait une fonderie sous la Révolution et toujours présente en 1836 deux kilomètres en aval.

Et enfin ces deux poteaux de clôture bien empêtrés dans des restes de fils de fer, souvenirs d'une époque pas si lointaine où ils délimitaient un espace destiné à faire paître des bestiaux.


 

13 commentaires:

  1. Peintre ou pas c'est le regard porté sur les choses et les gens qui leur donne de la valeur. Juste un réglage de cerveau. Ton arbre droit( mais pas droit) a de grands panards, à vue d'œil il chausse facilement du 47. Éviter de se prendre les pieds dans ses pieds. Ta mare aux cloches a les mystères de plus d'un conte et légende toutes régions confondues et tes petits barbelés me rappellent quelques anicroches, enfant,dans le Jura,dont j'ai toujours les cicatrices. Que fais tu de ces morceaux de vie? Est ce de l'entraînement ? Des souvenirs un peu cahier- journal mais sans les mots? Penses tu les insérer peut être dans des tableaux ? Ou bien pas de finalité,que le moment capture?

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    1. "Réglage de cerveau", c'est amusant, je retiens. Non, pas d'entraînement, pas de cahier journal ni d'insertion dans un éventuel tableau. Juste de l'entraînement de la main, des espèces de gammes et des notes amusées que les sujets m'inspirent, des mots que j'envoie en l'air et qui ne m'appartiennent plus à partir du moments où quelqu'un se les approprie comme tes coquetteries dues aux barbelés. Belle fin de journée M'am.

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    2. Pardon pour le "s" à "moments", fausse note, mauvaise maîtrise du clavier).

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  2. Je complèterais les citations de Cézanne et Saint Ex avec celle de Vincent Van Gogh.... " Si vous aimez vraiment la nature, vous trouverez la beauté partout."
    Qui sait regarder trouve son inspiration partout.. Après, il y a aussi ce que l'artiste fait de ce qu'il voit, il peut le reproduire à l'identique ou le transformer à sa guise... La magie de l'art..
    Bon WE

    (⁀ᗢ⁀)

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  3. Super très bien vues les si réelles jolies couleurs de ces aquarelles, tu as bien vu, peint et croqué la vie! Bravo, c'est beau et vrai.

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  4. Trouver son inspiration partout est vite dit! Je ne pense pas qu'un bureau moderne surmonté d'un écran d'ordinateur puisse susciter l'émotion nécessaire au passage à l'acte! Vos trois sujets sont certes simples, mais propices à la transcription de l'émotion sur le papier.

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    1. Ah mais non, vous vous trompez. Il est vrai que je ne représente que ce qui me plaît et que l'aspect campagnard et rustique de mes dessins peut à la longue paraître récurrent. Je pourrais tout aussi bien faire du "street art" très à la mode actuellement mais je n'aime pas la ville et ne m'y sens pas bien et mon discours serait trop négatif bien que j'arrive parfois à y trouver une certaine poésie. Maintenant pour ce qui est d'un écran d'ordinateur, il n'y a aucun problème pour parler tant des effets pervers (à la louche, les hikikomori ou la racaille qui sévit pour vous faire passer pour un pédophile) que des effets positifs (télétravail, apprentissage d'une langue, consultation d'archives ou de blogs etc... jusqu'à la magie d'une émission bien ficelée).

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  5. Les sujets "ordinaires" méritent aussi d'être croqués pour donner de beaux résultats comme c'est le cas ici....je serais plus "accroché", si on peut dire par les fils de fer abandonnés dont on peut se demander quelle était leur utilité en imaginant un peu plus loin le troupeau en train de brouter.
    Bonne journée

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    1. Ces fils m'ont fait penser à une espèce de paraphe, comme une signature qui reste en suspend.

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  6. J'aime beaucoup ces représentations apparemment " banales " qui sont le reflet d'un regard poète et attentif , qui sait ressentir l'âme d'un paysage .
    La dernière aquarelle me plait beaucoup.
    Merci pour tes explications qui agrémentent tes oeuvres .
    Bon dimanche Marcel

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