Si vous allez à Cordoue, ne manquez pas de visiter le musée archéologique qui contient de très beaux objets de l'époque romaine. Il donne sur une petite place ombragée à l'écart de la foule du quartier touristique pourtant tout proche : la plazza Jeronimo Paez. Une fontaine circulaire pleine d'eau claire et fraîche, une terrasse et un petit restaurant la Cavea.
Et puis Luis, un guitariste taciturne qui jouait divinement et avec une facilité déconcertante des morceaux de Django Reinhart sur une guitare on ne peut plus ordinaire. Sans efforts apparents, sans contorsions, les notes sortaient de l'instrument et passaient dans un petit ampli qui faisait aussi boîte d'accompagnement. J'avais d'abord cru, en sortant du musée qu'il s'agissait d'un disque avant d'apercevoir le guitariste. Comme il ne m'avait pas vu le croquer, il a été très étonné quand je lui ai demandé de signer.
Le lendemain, j'y suis retourné pour me restaurer et l'écouter. Pendant que je dessinais un rosier grimpant qui explosait sur un mur blanc de soleil, Luis jouait à côté, toujours assis sur le rebord de la fontaine. Il jetait de temps à autre un coup d'oeil sur la progression du croquis. Et puis il a fait la quête parmi les clients.
Et puis il m'a serré la main...
Avant de partir, il m'a glissé à l'oreille qu'il se dirigeait vers l'hôpital pour rendre visite à sa mère très malade.